Bandes dessinées-comics·Contemporain

Les petites distances

« Je suis là. Je suis Max. On vit ensemble depuis deux semaines. Enfin, c’est surtout moi qui vis chez toi, mais je crois que je ne te dérange pas. Tu ne m’entends vraiment pas ? »
Max est un homme tellement insignifiant qu’il finit par devenir vraiment invisible. Léo est une femme peureuse qui vit dans ses rêves. Max s’installe chez Léo et observe sa vie.

Je vais être tout à fait honnête avec vous, j’avais écrit un premier ressenti bien différent que celui que vous allez lire. Au moment de mettre une note sur Goodreads, je n’ai pas su quoi mettre, je partais sur du 3/5 et je me suis dit que non, il y avait quelque chose qui me chiffonnait plus j’y repensais. Puis j’ai compris tout ce qui n’allait pas avec cette BD.

L’histoire : Max est invisible aux yeux de tous et va habiter chez Léonie et va tomber petit à petit amoureux d’elle. On suit leur quotidien. Au premier regard, je me suis laissée avoir par les jolis dessins et l’histoire des deux personnages qui éprouvent de la solitude mais qui trouvent un peu de réconfort dans l’autre, même si Léo ne sait pas que Max existe et la mate à tout moment. Ça met du baume sur ce qui est malsain.

Premier truc dérangeant : Léo se fait un petit plaisir solitaire et Max, bien qu’un peu gêné au début, s’en fait un aussi. C’est du voyeurisme mais il ne l’a pas touchée (pas encore…). Déjà là ça m’a mise à mal à l’aise mais ce qu’il en dit après m’a complément écoeurée :

Il ressent de la honte pendant 5 secondes (c’est le seul moment où il se remet en question) et dit : « J’ai bien droit à quelques avantages. Et puis c’est elle qui m’a cherché. » Whaaaat ?? T’es sérieux là mec ? Elle ne sait même pas que tu existes, ni que tu vis chez elle.

Deuxième passage malsain : Léonie dit à ses copines qu’elle n’aime pas les cunnilingus, c’est son droit. Max se demande « Vraiment ? », puis après avoir observé un couple lesbien (oui parce que Max regarde aussi ses autres voisins en pleine intimité) et après une soirée, il teste le truc (du genre « moi j’arriverais à te faire changer d’avis ») sur Léonie qui dort tranquillou à côté.

Moi, j’appelle ça un viol. On peut faire une magnifique illustration, ça n’en reste pas moins un viol. Le consentement ? On s’assied dessus ! Même si Max n’a presque qu’aucune consistance, ça n’excuse rien ou n’autorise rien. C’est non.

Malaise, malaise. Ce voyeurisme m’a énormément dérangée, écoeurée. Je n’ai pas compris le but de cette bande dessinée en fait. Je n’ai pas compris l’intérêt de ces passages car à aucun moment cette attitude n’est remise en question ! Ça passe pour une attitude normale et romantique.

Et pour ce qui est de la fin (oui j’en ai absolument plus rien à faire de ne pas spoiler au point où on en est) c’est un happy end ! Léo dit qu’elle ne veut pas que ce « gentil fantôme » parte. À aucun moment de la BD, elle fait mine de savoir qu’il est chez elle et sur les dernières pages on fait comme si, Max reprend consistance et ils s’embrassent comme le couple heureux qu’ils sont. (Non)

Bref, Les petites distances est une BD qui me tentait beaucoup, que j’ai lue et appréciée avec un premier regard mais quelque chose me chiffonnait malgré tout. Plus j’ai creusé, plus j’ai été dégoutée. Je ne voulais pas trop écrire un avis sur le blog mais après les nombreux retours sur Instagram suite au mini thread que j’ai fait en stories, vous m’avez convaincue de dénoncer ce qui n’allait pas, car c’est important aussi. Je n’ai pas bien vécu cette BD.


Scénario : Véro Cazot . Dessins : Camille Benyamina . Date de sortie : 11 avril 2018


15 commentaires sur “Les petites distances

  1. Waouh… comment à un moment donné personne ne s’est dit que c’était tout sauf normal ? Ecrit par une femme en plus. Mais, non ! Il y avait tellement de choses à traiter avec cette histoire, mais là oui, tu as parfaitement raison c’est du viol, du voyeurisme, du non-consentement, du harcèlement même. Non, de chez non !

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    1. Honnêtement, j’ai été très étonnée de voir sur Livraddict qu’il n’y avait qu’une seule note qui n’était pas haute, je pensais que c’était moi qui faisait fausse route. Mais avec tous les retours que j’ai eu sur Instagram, j’ai compris qu’il était important que je donne mon avis sur ce qui m’avait dérangée. Et ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule avec cette opinion ^^

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  2. J’avais vu passer cette BD et je m’étais dit pourquoi pas, la jolie couverture attrape le regard… Mais vu ce que tu en dis, je vais clairement passer mon chemin, c’est super malsain tout ce voyeurisme sérieux (qui va jusqu’au viol…). Merci pour ton avis en tout cas^^

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  3. J’avoue qu’elle me tentait aussi cette BD, mais vu tes stories et ton article, ce sera non…
    Qu’on traite du voyeurisme et du viol en BD, pourquoi pas, mais il faut qu’à un moment ce soit dénoncé, et non romantisé.
    Raaah patriarcat de merde !

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    1. Limite, je peux te la passer si tu veux mais ça m’étonnerait que tu veuilles la lire quand même ^^ Je suis d’accord avec toi, on peut/doit en parler mais il faut que ce soit remis en question, ici pas du tout, sauf si j’ai carrément loupé ma lecture mais j’ai des doutes !

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  4. Tu as tout à fait raison de dénoncer! Comme mentionné plus haut, on peut parfaitement traiter du viol, du voyeurisme non consenti, mais il faut les dénoncer! Y’en a marre des supports artistiques qui romantisent le viol bordel! Se faire violer, même par son propre conjoint, ça laisse des traces indélébiles et le consentement, c’est à tout moment qu’il doit être obtenu (et spoiler alert quand on dort, on ne consent pas, encore moins quand on croit être seul•e). Il y a encore tellement de travail à faire pour déconstruire tout ça… merci d’avoir apporté ta contribution!

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    1. Je peux comprendre que ça ne fasse pas tilt dès le début, moi-même j’ai pas ciblé tout de suite ce qui m’avait dérangée. Ma première chronique était différente, y avait juste un paragraphe sur ces différents points. Et c’est en y repensant de plus en plus que je me suis dit que non, ça n’allait pas du tout en fait ! Il faut un certain niveau de déconstruction que tout le monde n’a peut-être pas encore.

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